L’ordinateur et l’éléphant

Parce qu’il perdait la mémoire
Un ordinateur alla voir
Un éléphant de ses amis :
– C’est sûr, je vais perdre ma place,
Lui dit-il, viens donc avec moi.
Puisque jamais ceux de ta race
N’oublient rien, tu me souffleras.
Pour la paie, on s’arrangera.

Ainsi firent les deux compères.
Mais l’éléphant était vantard
Voilà qu’il raconte ses guerres,
Le passage du Saint-Bernard,
Hannibal et Jules César…

Les ingénieurs en font un drame
Ça n’était pas dans le programme
Et l’éléphant, l’ordinateur
Tous les deux, les voilà chômeurs.

De morale je ne vois guère
A cette histoire, je l’avoue.
Si vous en trouvez une, vous,
Portez-la chez le Commissaire ;
Au bout d’un an, elle est à vous
Si personne ne la réclame.

Jean Rousselot